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consacrés aux femmes
Page 2 - Sommaire 1
1 - Ginette Hess Skandrani - "Congrès international sur la démocratie directe, Tripoli (Libye), du 1er au 3 mars 1997. Pour une approche écologiste de la démocratie directe, locale et participative.
2 - Michel J. Cuny - "Cette démocratie politique qui sert à masquer l'absence de la démocratie économique", 29 septembre 2012.
3 - Ginette Hess Skandrani - "Congrès de Femmes à Tripoli", Décembre 1996.
N.B. amical : Le contenu des sites et blogs ne peut être repris sans la mention de ces sites et blogs : les textes, livres, etc. ne peuvent être repris sans les prénoms et noms des auteurs et auteuses de ces textes, livres, etc. Merci pour ceux et celles qui produisent en donnant le meilleur d'eux (elles)-mêmes.
La liberté d’expression ?
Pour qui ?
Michel J. Cuny et Françoise Petitdemange (moi-même)
en savons quelque chose...
depuis 40 années !
1. Ginette HESS SKANDRANI
CONGRES INTERNATIONAL SUR LA DEMOCRATIE DIRECTE TRIPOLI 1er au 3 MARS 1997
CONGRES INTERNATIONAL SUR LA DEMOCRATIE DIRECTE
TRIPOLI (LIBYE) DU 1er AU 3 MARS 1997
POUR UNE APPROCHE ECOLOGISTE DE LA DEMOCRATIE
DIRECTE, LOCALE ET PARTICIPATIVE
Par Ginette HESS-SKANDRANI
Pour une véritable démocratie locale et participative, proche des citoyens, citoyennes, décidée par tous et prenant en compte les besoins de tous, il faut que l'ensemble de la population soit consultée : hommes, femmes, jeunes, vieux, autochtones, immigrés, majorités et minorités, organisées ou non. Il faut que tous les habitants d'une région, d'un canton ou d'un quartier prennent conscience que c'est leur quartier, leur canton et leur région, et que les décisions qui sont prises pour la conservation ou l'aménagement les concernent tous et pour longtemps.
Pour une véritable démocratie, il faut établir un dialogue entre ceux qui savent ce qui se construit et ceux qui subissent les conséquences des installations souvent dangereuses pour leur sécurité : ex: les complexes chimiques, les centrales nucléaires ou toutes sortes de production portant atteinte à la santé du voisinage. L'accès à toutes les informations concernant les travaux entrepris, les taux de pollution des usines, les constructions de routes, les prévisions de circulation, tout cela doit pouvoir être pris en compte par les riverains des installations, au moment de l'élaboration des projets. Il faut une clarification de l'information, des différentes possibilités de choix de construction. Il faut aussi que les gens apprennent à interpréter les informations.
Une véritable démocratie, c'est-à-dire le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, ne peut pas se décider par le haut, mais doit se définir et être mis en application le plus proche possible des gens. Il s'agit, aujourd'hui, alors que plus personne ne croit en l'intégrité de nos politiciens de réconcilier les citoyens avec la politique, la gestion de leur cité, la prise de décisions, en s'attaquant à tous les obstacles qui les tiennent à l'écart de la prise de décision, en dénonçant les mécanismes sournois mis en place par ceux qui briguent le pouvoir pour eux-mêmes.
LA GESTION PARLEMENTAIRE QU'ON NOMME MENSONGEREMENT DEMOCRATIE
Dans nos pays européens la démocratie, qu'on veut donner en exemple aux autres peuples de la planète est surtout parlementaire. Elle n'est ni directe, ni participative, car fondée uniquement sur la représentation du peuple par des élus qui, une fois élus, n'ont des comptes à rendre qu'à leurs organisations et non à l'ensemble de la société. Il n'y a aucun contrôle des élus, ils peuvent se faire élire sur une position et adopter son contraire tout au long de leur mandat, leur organisation veillera, de toute façon, à leur réélection.
Dans le système de la représentation, les électeurs ayant délégué par le suffrage électoral leur volonté politique de continuation ou de changement, leur choix réside uniquement dans les représentants des partis ayant les moyens médiatiques et financiers de leur investiture. En effet, la classe politique actuelle forme une oligarchie qui ne permet pas beaucoup d'innovation, ni de moyens de participation de la société civile. Comme les systèmes électoraux sont marqués, surtout par l'alternance de professionnels de la politique et qu'il faut jouer de l'esprit de clan et de chapelle, nous nous trouvons depuis des dizaines d'années, surtout en France, gouvernés par des experts et des techniciens de tout bord qui défendent leurs intérêts propres ou ceux de leur parti. Ce qui fait aussi que peu de femmes s'investissent dans les élections, elles sont d'ailleurs minoritaires dans tous les partis politiques. Il est vrai que la vie politique, fondée sur la compétition, marquée par les luttes de clans, est particulièrement rebutante pour celles qui pourraient amener une autre façon de faire de la politique dans les assemblées. En même temps, les nombreux immigrés présents sur nos territoires et issus des pays colonisés, sont considérés comme des sous-citoyens et en fait de droits n'ont que ceux de payer des impôts, de taire et se faire oublier. Ils ne peuvent, du fait de l'absence de statut social reconnu, participer à la vie des cités où ils résident, certains depuis des décennies.
Les campagnes électorales sont devenues au fil des années de véritables foires de promotion d'images et de symboles, où les futurs électeurs sont les spectateurs, et sont donc de plus en plus coûteuses. Ne peuvent donc se présenter aux élections que ceux qui en ont les moyens financiers et qui vivent de la politique.
LE POUVOIR DE L'ETAT
Dans un pays comme la France qui a, en commun avec les ex-pays de l'Est, le centralisme hérité de la révolution de 1789, le pouvoir est étatique et monopolisé par les politiciens qui sont prêts à tous les compromis pour conserver un Etat fort. Ce pouvoir, qu'il soit de gauche ou de droite, libéral ou socialiste, lamine toutes les opposions non institutionnalisées, rejette toux ceux qui voudraient proposer une alternative au système centralisateur. Les différents mouvements régionaux qui se battent pour la reconnaissance linguistique, culturelle et territoriale se heurtent au mur du pouvoir de l'Etat. Les Bretons voient leurs écoles de langue bretonne se fermer faute de moyens, les Corses luttent contre l'implantation de complexes touristiques qui défigurent leur île, les Basques sont pris en sandwiches entre deux Etats forts et particulièrement éradicateurs de toute forme d'autonomie pour le peuple basque. Les Alsaciens, balancés au gré des guerres et des conquêtes entre leurs deux voisins attendent beaucoup de l'Europe. Cette Europe qui, au lieu de s'appuyer sur des pays centralisateurs comme la France, ferait mieux de copier les pays qui pratiquent déjà, même si ce n'est pas parfait, une espèce de fédéralisme comme la Suisse ou l'Allemagne. Une Fédération des régions d'Europe pourrait être une réponse, dans les mois à venir, aux résistances corses, basques ou irlandaises qui luttent contre des Etats colonisateurs ayant éliminé toutes les traditions et cultures régionales...
LE POUVOIR QUE L'ON DIT DEMOCRATIQUE
Nos politiciens commencent quand même, à force de courir après les sondages de toutes sortes, à se poser des questions sur la faible participation des électeurs malgré des campagnes électorales de plus en plus sophistiquées et de plus en plus coûteuses.
Ce pouvoir qu'ils s'imaginent détenir et auquel ils sont si étroitement attachés n'est en fait qu'un pouvoir de pacotille, car les véritables décideurs sont les technocrates, et les promoteurs financiers et économiques qui s'appuient sur les contraintes de la rentabilité pour accaparer une bonne part de la réalité du pouvoir, derrière l'écran des élus qu'ils pistonnent, achètent ou mettent en place. On peut se poser la question : le pouvoir, est-il politique ? économique ? Y a-t-il encore une politique qui ne soit pas économique ou financière ? A quoi peuvent donc servir les élections nationales, puisque les décisions se prennent ailleurs ?
Comment faire confiance à ces politiciens qui nous mentent ? La gauche au pouvoir pendant deux législations, en comptant les cohabitations, a fait la même politique que ceux qui nous ont gouvernés avant eux et ont déçu tous ceux qui croyaient au changement. S'ajoutant à cette déception et à l'effacement des anciens repères, l'écroulement des idéologies, la naissance du nouvel ordre mondial qui est l'ordre de la marchandise fait resurgir toutes les craintes, les fantasmes, l'agressivité et les réactions extrêmes. La montée du front national n'est que l'expression du désespoir des exclus, de l'abandon du politique et de la réaction de ceux qui veulent punir ceux qui les ont trompés. Ils ne se rendent pas compte que ce parti qui prône la préférence nationale est aussi un facteur de déstabilisation sociale, mais ce n'est pas en le diabolisant et en créant des fronts républicains contre lui pour lui faire porter tous les maux qu'on résoudra les problèmes de chômage, de misère, de pauvreté, d'exclusion ou de défaut de démocratie.
Tous ces facteurs appellent une refonte en profondeur des pratiques démocratiques qui ne peuvent que devenir participatives. Surtout que tous ceux qui s'accrochent comme des ventouses à la démocratie parlementaire ne la respectent même pas. Ils ont voulu l'exporter partout, donner des leçons de démocratie à tout le Tiers-Monde, comme s'il n'était pas capable d'inventer sa propre démocratie. Ils ont surtout été les premiers à soutenir l'arrêt du processus électoral en Algérie car ceux qui avaient gagné les élections en janvier 1992 ne leur plaisaient pas. La junte militaire qui a pris le pouvoir n'aurait jamais pu le faire sans nos chers démocrates et droits de l'hommistes. Pour eux la démocratie se conjugue selon les circonstances et ils ne sont même pas capables d'assumer leurs propres leçons.
POUR CHANGER DE POLITIQUE IL FAUT SE REAPPROPRIER LES POUVOIRS DE DECISION
La démocratie locale, qui est la base de toutes les intégrations, passe par les comités de quartier, de rue, de village. Le quartier, délimité par le comité des habitants, autochtones ou immigrés, hommes ou femmes, intellectuels ou ouvriers, employés ou chômeurs, doit redevenir une véritable collectivité avec des lieux de débats et de confrontations, élisant des représentants directs et disposant d'un budget qui lui soit propre. Tous doivent avoir accès aux décisions qui les concernent. Les nombreuses associations de quartier, de défense du cadre de vie, de l'environnement, les comités locaux, les associations de parents d'élèves, les syndicats intercommunaux doivent être associés à la gestion municipale, pour que chaque municipalité devienne vraiment représentative et sous le contrôle des citoyens qui la composent.
La démocratie de base, c'est aussi la participation dans les entreprises, les hôpitaux, les écoles, les facultés, les lieux de vente et d'achat, etc. Il y a toute une organisation de la société à réinventer.
Le référendum à initiative populaire, tel qu'il se pratique dans les cantons suisses, peut aussi contribuer à abroger toute décision qui paraît préjudiciable aux habitants et leur permettre d'orienter la politique communale vers des objectifs prioritaires qui ne sont pas toujours pris en compte. L'initiative en appartient à la population : un certain nombre d'habitants (10 % par ex.) peuvent par pétition, après information et débat contradictoire, lancer un référendum mettant aux voix le retrait d'une décision (autoroute, dépôt polluant, centrale nucléaire, entreprise dangereuse, etc.) ou le choix d'un objectif prioritaire.
Nous pouvons aussi nous référer à certains pays ou régions où cette responsabilisation du citoyen ou du groupe local est mise en pratique, comme par exemple en Libye avec les congrès de base où chaque habitant du lien concerné participe dès l'âge de seize ans à la résolution des problèmes les concernant. Tous, hommes, femmes, vieux, jeunes sont impliqués dans les congrès avec comme objectif de trouver des propositions qui seront discutées dans les autres différents congrès populaires.
L'Intifada palestinienne, au-delà du fait de la lutte de reconquête de sa terre et de son identité avait largement mis en place ces comités populaires qui géraient les camps de réfugiés et faisaient le lien entre les villes et les villages occupés. Ils avaient créé des coopératives de gestion, d'échange de petite production artisanale et agricole.
Tous ces exemples s'adaptant à une situation donnée peuvent être étudiés et développés. Les situations et les traditions n'étant pas les mêmes, elles sont difficilement transportables.
LE RESEAU DE PRATIQUES ALTERNATIVES
Toutes sortes d'initiatives qui se veulent une alternative à la politique traditionnelle sont en train de se développer à toute petite échelle, comme des échanges de service, des entraides entre habitants de quartier, des solidarités de proximité, des économies parallèles. De plus en plus de gens étant exclus de la vie sociale, du monde du travail, se trouvent sans ressources et sans logements, se regroupent en comités ou associations et réapprennent à s'organiser dans les quartiers. Car la démocratie ce n'est pas seulement décider à qui doit appartenir le pouvoir c'est aussi veiller à partager les richesses et les savoirs, car elle a aussi surtout dans le contexte de crise actuel, une dimension sociale. Cette conception participative est une bonne réponse à l'apathie politique, au règne des gestionnaires et à la démagogie des pouvoirs.
A la campagne aussi, tout ce qui touche à l'agriculture biologique ou de proximité est en train de se développer, suite à divers scandales d'empoisonnement des rivières, de pollution de la nappe phréatique ou la crise de la vache folle. Des réseaux d'échange entre villes et campagnes, entre producteurs et consommateurs, à travers les produits de cultures biologiques, non traités, se développent actuellement. Les gens font de plus en plus attention à ce qu'ils mangent ou boivent et se posent de plus en plus de question sur le traitement des aliments de base. De ce côté aussi, ils réapprennent leur rôle de citoyen. Pourquoi faut-il toujours des catastrophes ou des scandales comme ceux de la vache folle, de l'empoisonnement du sang des hémophiles, de la contamination radioactive des baigneurs de la plage de LA HAGUE pour que les gens comprennent qu'ils ne sont pas des cobayes et qu'ils peuvent résister à ce productivisme déferlant.
FEVRIER 1996
GINETTE SKANDRANI
ECOLOGISTE
PRESIDENTE DE LA PIERRE ET L'OLIVIER
Réseau de solidarité avec le peuple de Palestine
2. Michel J. CUNY
QUI SERT A MASQUER L'ABSENCE
DE LA DEMOCRATIE ECONOMIQUE
Lorsqu'à l'été et au début de l'automne 1943, Pierre Cot travaille, aux Etats-Unis, sur le manuscrit du "Procès de la République" tout en ignorant la réalité du sort de Jean Moulin, il sait que son retour en France n'est vraisemblablement plus qu'une question de temps. Il s'agit donc, pour lui, de se préparer à participer directement à la suite des événements.
Or, d'ici à la chute de Mussolini et d'Hitler, la ligne politique qu'il prétend privilégier est celle dont il ne s'est jamais départi depuis au moins une dizaine d'années, comme l'indique la dédicace qu'il place à l'avant des explications qu'il va fournir :
"A mes camarades du Front Populaire qui poursuivront jusqu'au bout la lutte engagée au lendemain du 6 février 1934 contre le Fascisme et l'Hitlérisme."
Parmi ces camarades, il sait que figurent, entre des dizaines de milliers d'autres, Pierre Meunier, Robert Chambeiron et... Jean Moulin qui animent le Conseil politique souverain de la Résistance.
Au moment où, précisément, toute une partie de la Résistance de droite s'inquiète de la survenue possible, à la Libération, d'un Front populaire aggravé (c'est son mot), Pierre Cot tient le langage inverse, en aggravant son cas d'une présence souhaitée qu'on ne pourra jamais lui pardonner, et qui coûtera la vie à Jean Moulin : celle des communistes :
"Non seulement je m'honore d'avoir été un des partisans et des militants du Front Populaire, mais je demeure obstinément fidèle à la pensée dont il fut l'expression. Je vois dans le Front Populaire la tradition de la révolution française ; je pense que seule l'union des forces populaires et révolutionnaires françaises, communistes compris, libérera la France de la domination fasciste et permettra un renouveau de la démocratie."
Quant au "renouveau de la démocratie", il se place sous une référence qui fait aujourd'hui dresser les cheveux sur la tête en ranimant indirectement le fantôme de Staline. En effet, dénonçant la naïveté ancienne de lui et des siens, les radicaux-socialistes, Pierre Cot écrit : "Nous sous-estimions la force des puissances de réaction, en France et dans le monde entier ; nous ne nous rendions pas compte à quel point l'évolution du capitalisme avait déjà affaibli la démocratie ; nous avions lu les oeuvres de Marx, mais nous ne les avions pas comprises ; il y avait beaucoup d'enfantillage dans nos conceptions."
Oh, Marx, que de crimes en ton nom!...
Et de fait, nous sentons pointer... la dictature stalinienne (rien de moins!) sous les terribles propos que voici, et qui montrent que, depuis longtemps, Pierre Cot était un dangereux bolchevik infiltré dans les sphères du pouvoir d'Etat : "Je pensais déjà qu'à la démocratie politique devait s'ajouter la démocratie économique et internationale; plus je pénétrais au coeur de la politique française, plus mon expérience administrative et gouvernementale s'enrichissait, et plus je me rendais compte qu'en réalité il ne pouvait pas y avoir de démocratie politique ou de démocratie internationale sans démocratie économique - plus je me rendais compte que pour réaliser l'idéal de la Révolution Française, le suffrage universel est insuffisant : il faut modifier la structure économique et sociale."
Horreur : mettre en cause le suffrage universel! Pire, ne faut-il pas décidément émarger au KGB pour oser dire ce qui suit :
"J'ai vu l'Etat démocratique de plus en plus paralysé par le jeu des forces économiques, ou plutôt par l'usage que faisaient du pouvoir économique ceux qui l'avaient accaparé."?
Heureusement, en 2012, nous savons que tout cela ne tient pas debout... puisque même l'Etat français est désormais à genoux devant la finance internationale. Silence, citoyennes et citoyens, et chapeau bas devant celles et ceux qui se sont battus (où ça? quand ça?) pour nous offrir le suffrage universel, le parlementarisme rationalisé et la désignation directe du président de la monarchie élective. C'est certes un peu compliqué, mais... chacun y retrouve... sa grimace.
http://mjcuny-fpetitdemange.hautetfort.com/index-1.html
3. Ginette HESS SKANDRANI
CONGRES DE FEMMES A TRIPOLI
Décembre 1996
Par Ginette HESS SKANDRANI
Pour donner une autre image de la Jamahiriya libyenne que celle véhiculée par nos médias et nos hommes et femmes politiques endoctrinés par la propagande faisant passer la Libye pour un pays dictatorial et arriéré, j'ai fouillé dans mes archives et j'ai retrouvé ce dossier que j'avais écrit en 1996. J'ai surtout voulu profiter de ces débats absurdes sur la fausse libération de la femme occidentale dépendante des modes et médias, des différentes analyses d'ici ou d'ailleurs, informations et dés-informations, du fait que les femmes voilées n'étaient pas forcément moins libres ou moins féministes que les autres. J'ai voulu montrer et démontrer que des femmes venant des quatre coins de la planète, d'horizons et de références politiques si différentes puissent débattre sereinement sur des sujets aussi brûlants que la religion, la politique, les traditions, la famille et la libération des femmes.
Ginette Hess Skandrani
octobre 2011
J'ai assisté, animé ou présidé de nombreux congrès, colloques ou réunions publiques, en Europe ou dans le reste du monde arabe, mais je n'ai jamais rencontré cette capacité d'écoute, d'échange, de débat, y compris contradictoire, ailleurs qu'en Libye.
Je garde surtout un souvenir inoubliable de ce congrès de femmes, où 18 femmes venant de toutes les contrées de la planète, d'une quinzaine de nationalités différentes, femmes du Sud et du Nord, de différentes cultures et religions, pratiquantes ou non, de gauche, de droite, politiques ou associatives ont débattu ensemble sur le statut et les acquis du combat des femmes.
Quinze ans plus tard, nous nous apercevons que peu de choses ont changé. La condition des femmes s'est largement dégradée en Irak occupée, en Palestine de plus en plus colonisée, ainsi que dans certaines autres régions du monde.
Le compte rendu de cette rencontre a été diffusé en Libye mais n'a jamais trouvé preneur ailleurs.
Congrès de Femmes à Tripoli
Malgré les inconvénients et les désagréments causés par l'embargo aérien imposé à la Jamahiriya libyenne, malgré les difficultés du voyage, entre plusieurs avions et le bateau Malte-Tripoli, des femmes, venant souvent de contrées très lointaines, se sont déplacées pour cette cinquième table-ronde sur le statut de la femme dans le monde, sur les acquis et sur ce qu'il reste à conquérir ici ou ailleurs.
Nous remercions surtout deux femmes âgées de soixante-quinze ans, l'une Italienne, l'autre Néo-Zélandaise, qui ont voulu apporter leurs témoignages sur leurs traversées de ce siècle que certains appellent les lumières, d'autres les ténèbres, tout dépendant de quel côté du colonialisme on se place.
La majorité des femmes étaient âgées de quarante à soixante ans, deux Allemandes qui avaient la trentaine et une Canadienne de vingt-cinq ans. Les différentes oratrices sont intervenues sur des sujets assez variés : la femme et l'emploi, la femme en politique et dans le mouvement social, le statut de la femme, la culture et les différentes religions, les moyens de contraception et l'avortement.
Les intervenantes se sont exprimées sur les différences culturelles et sociales entre la civilisation occidentale écrasant toutes les autres et la multitude de civilisations existant sur l'ensemble de la planète.
Le débat entre toutes ces femmes venues des pays d'Europe, des U.S.A., du Canada, de l'Amérique latine, de Nouvelle-Zélande, du Japon, de différents pays arabes et de Guyane, était d'un haut niveau, surtout qu'elles ont su s'écouter malgré des analyses différentes et souvent contradictoires sur le rôle de la femme dans la famille, la religion, la société, sur l'interdiction ou l'autorisation de l'avortement.
TRIPOLI : LA CONFERENCE DES FEMMES
PREMIERE TABLE-RONDE : LES DROITS DE LA FEMME
Dr Khanum Ganhar Aijaz KHAN, ancien ministre pakistanaise, présidente de l'association des femmes pakistanaises, est intervenue sur le droit des femmes dans l'Islam.
Elle a rappelé que beaucoup de femmes ont contribué aux luttes et combats pour l'Islam, qu'elles se sont engagées à côté des hommes pour faire reconnaître l'Islam en tant que religion et en tant que civilisation. Elle a comparé les différentes religions et la place des femmes dans d'autres religions et a donné quelques exemples sur les droits des femmes dans la religion juive où elles portent la responsabilité de la perte de l'Eden ou dans la religion catholique où elles étaient jusqu'au dix-neuvième siècle considérées comme n'ayant pas d'âme au même titre que les Noirs ou les différents esclaves. Dans l'hindouisme, la femme n'a d'autre place qu'esclave de l'homme. "L'Islam a donné les moyens aux femmes pour se faire respecter et avoir confiance en elles-mêmes."
Judith ALLEN, U.S.A., de l'Association de Défense de l'Emploi pour les Femmes, est intervenue sur la discrimination envers les femmes dans le monde du travail.
La majorité des femmes travaillent aux U.S.A., même si leur salaire est bien en dessous de celui des hommes. Même si elles ont accès à tous les postes politiques, leur condition n'est pas idéale. Elles ont créé une association de défense de l'emploi des femmes, dont elle est représentante dans cette table-ronde.
Beaucoup de femmes voudraient rester à la maison pour élever les enfants, si elles en avaient les moyens, car le niveau des impôts est très élevé aux U.S.A. Le mouvement des femmes aux U.S.A. a refusé de soutenir les femmes immigrées, c'est aussi pour les défendre qu'elles ont créé l'association de défense de l'emploi. Les femmes immigrées ne sont soutenues par aucune organisation ou syndicat, donc elles sont très isolées dans la société déjà masculine et de plus raciste. La lutte d'émancipation des femmes a changé de nature, avant elle était offensive, maintenant elle est devenue défensive à cause du chômage et de la pauvreté.
Souad ELNAAS, Libye, du Congrès des Femmes de la Jamahiriya, est intervenue sur le droit des femmes et les droits humains dans la Jamahiriya.
En Libye, les femmes sont présentes dans tous les actes de la société. Elles ont les mêmes droits que les hommes en politique ou dans les administrations. Elles sont largement présentes et représentées dans les différents congrès populaires. La société libyenne doit fournir les moyens à toute la population de se réaliser sans distinction de sexe ou d'âge, travail ou pas travail n'est qu'un problème matérialiste. La femme a le droit de choisir, si elle veut travailler ou si elle préfère élever ses enfants, ou continuer ses études, elle est libre et émancipée. "C'est notre guide Qadhafi qui nous a donné l'occasion de nous libérer."
Par contre, contrairement à l'Occident, dans la société libyenne l'avortement est considéré comme un crime abominable, car l'enfant est un don de Dieu, et la femme qui ne procrée pas ne joue pas son rôle naturel et si elle s'avorte, elle se donne la mort.
Dorothea SCHENDEL, Allemagne, du Mouvement des Femmes, est intervenue sur les droits humains, les droits de la femme et les problèmes des filles et des femmes dans le tiers-monde.
"L'UNICEF dénonce la mort de 1,5 % d'enfants dans le monde, qui meurent parce que leurs parents ne les ont pas voulus et les laissent à l'abandon." Elle est pour le droit à l'avortement pour éviter que viennent au monde des enfants non désirés, ceci pour répondre à l'intervenante précédente. Elle fait un exposé sur le travail des petites filles dès l'âge de dix ans qui, au lieu d'aller à l'école comme tous les enfants de leur âge, sont exploitées au Pakistan, aux Philippines ou ailleurs en Asie ou en Afrique. Plus de 65 % de filles travaillent ou se marient à un âge précoce. Souvent elles meurent à cause de la procréation trop précoce. L'éducation des filles est nécessaire pour la santé de la société. Dans les pays du Nord, les filles font des études, et en Asie ou en Afrique, il y a quatre-vingt-dix millions d'analphabètes dont 2/3 sont des filles. C'est d'une injustice flagrante. Il faut souvent y ajouter la prostitution obligatoire. En Thaïlande ou aux Philippines les parents obligent leurs filles à se prostituer pour nourrir la famille. Cela est intolérable.
Dr Mithal Sabri JASIM, Irak, présidente de la Fédération Générale des Femmes Arabes est intervenue sur le statut de la femme en terre d'Islam.
L'Islam représentant la majorité de la population dans le monde arabe, il est logique que cette population tire sa législation de l'Islam, ainsi que les droits et les devoirs en tant qu'individu. L'Islam donne sa place à la femme arabe selon la juridiction qui régit la société. Avant l'Islam, la loi qui gérait la société arabe était issue des traditions et déconsidérait la femme qui était considérée comme inférieure à l'homme. C'est l'Islam qui a apporté le droit de l'individu, homme et femme, et a contribué à l'émancipation de la femme. L'individu est jugé sur son comportement vis-à-vis de Dieu et de la société, et ceci qu'il soit homme ou femme. L'Islam considère que la femme participe au combat en conservant le patrimoine historique. La femme dans l'Islam joue un rôle primordial. Il ne faut pas juger sur la période de la décadence islamique. Le Coran s'est intéressé à la femme dès le quatorzième siècle. Le droit à l'héritage, le droit de posséder, il n'y a pas de différence entre les sexes, la femme a le droit de jouir de ses droits en toute indépendance. Avant l'Islam, la femme était condamnée pour adultère, maintenant les deux peuvent être condamnés et en plus il faut quatre témoins donc c'est moins facile à juger. Il y a aussi l'égalité dans le mariage avec la liberté de choix des deux époux. L'accord de la femme est maintenant obligatoire. Ce sont les Oulémas qui ont mal interprété les textes du Coran pour les adapter au droit des hommes uniquement. Ils ont instauré un fait accompli. Ils ont donné le droit d'épouser quatre femmes, à condition qu'il y ait l'égalité, la justice et le respect envers les quatre femmes, ce qui est pratiquement irréalisable. Cette loi a été instaurée au début de la création de l'ère musulmane quand l'Islam était combattu et perdait beaucoup de combattants, pour conserver la situation démographique des Musulmans. Mais les Musulmans ont conservé cette loi pour continuer à opprimer la femme.
Béatrix PIRCHNER, Autriche, de l'Institut International sur la Recherche soufiste, a fait une intervention sur la nature du monde et le monde dans la nature.
Quand on parle de droit de l'homme, est-ce que la situation reflète la règle humaine ? Ce monde continue à être commandé pour arriver à sa disparition. Il faut redonner un aspect spirituel à l'humanité, entre hommes et femmes de toute la planète, car nous avons tué beaucoup de valeurs et instauré une angoisse permanente : peur de la guerre, peur des fléaux et un comportement de consommation qui reflète cette angoisse et amène l'homme à dominer la femme à cause de la peur du naturel.
L'univers subit une destruction de l'environnement au même titre que de la spiritualité et l'on s'engage de plus en plus dans un monde matérialiste en fabriquant de plus en plus un côté artificiel qu'on appelle progrès. L'homme, tombé dans ce piège a écarté la femme pour pouvoir jouer un rôle plus important. Si nous portons un jugement sur tous les systèmes politiques depuis cinq siècles, en y incluant l'esclavage dont l'humanité a tant souffert, on se rend compte que les tares et les maladies de la société capitaliste font des ravages sur la vie de toutes les espèces vivantes. Il ne faut surtout pas opposer l'homme et la femme, comme il ne faut pas opposer spiritualisme et matérialisme, pour créer un nouvel ordre social. Le symbole soufiste est être avec le monde et non contre lui. Le soufisme aime Dieu, aime l'humanité.
DEUXIEME TABLE-RONDE : LE STATUT DE LA FEMME - PROBLEMES ET SOLUTIONS
Toshiko HIMEOKA, Japon, Professeur de la Faculté pour les Relations Internationales est intervenue sur le statut de la femme au Japon et le récent débat sur la conception des droits de la femme japonaise.
La femme au Japon, est soumise a des contraintes objectives, car le statut de la femme change avec l'histoire et l'évolution de la société. Les femmes japonaises sont encore très arriérées par rapport aux mobilisations des femmes aux U.S.A. La société japonaise est et reste une société patriarcale. Il y a eu quelques améliorations, mais il reste encore beaucoup à faire. Les associations de femmes japonaises ont adopté deux projets : 1. Sur l'égalité des sexes, 2. Sur la lutte contre la ségrégation.
La femme japonaise est encore très démunie pour atteindre ces objectifs, face à une société traditionnelle, mais elle peut déjà améliorer sa situation. Elle attend beaucoup de la mobilisation internationale. Les droits de l'homme doivent être universels c'est-à-dire homme et femme, mais chaque pays doit être pris en compte dans sa spécificité. Il faut refuser l'exploitation de la femme et le harcèlement sexuel au travail ou ailleurs. Les femmes japonaises ont été exploitées sexuellement pendant la guerre par les militaires et ceci, aucune femme ne l'a oublié.
Martina KAMP, Allemagne, étudiante dans la Recherche Scientifique, est intervenue sur l'historique de la lutte des femmes et sur l'image de la femme du Maghreb et du Machrek dans les médias occidentaux.
"Ayant eu souvent l'occasion de me déplacer au Moyen-Orient, je me rends compte de l'énorme manipulation des médias en Europe." Ils montrent les femmes comme des objets sexuels ou de plaisir. Le concept occidental s'est construit sur des contradictions tantôt attirant tantôt rejetant tout ce qui est exotique, mais toujours défini selon des critères européens. Chaque société est fondée sur une culture qui lui appartient en propre.
Nous sommes trop arriérés pour le comprendre. Déjà nous n'arrivons pas à établir des relations d'égalité entre l'Est et l'Ouest, il n'y a que l'hégémonie de l'Ouest qui exige de l'Est de renier toutes ses valeurs qui ont été établies au fil des années. Comment pouvons-nous comprendre le rôle de la femme dans d'autres régions et d'autres civilisations ?
L'Islam a joué un grand rôle dans la vie des femmes. Beaucoup de livres ont été écrits sur la place et le rôle de la femme dans les sociétés islamiques. C'est l'occident qui se voile la face sur cette civilisation et qui s'est inventé une conception occidentale de l'Islam qui n'a rien à voir avec la réalité et qui est toujours fondée sur l'exotisme alors que les Musulmans sont largement présents chez nous et enrichissent nos cultures.
Dr Joussef Omar ALGHAZAL, Libye, Directeur de l'Académie Verte, El Fatah Université, où se passe le congrès, est intervenu sur la femme libyenne dans la culture dominante.
Le siècle des Lumières lié aux mouvements de colonisation a entraîné un mouvement arabe contre la colonisation culturelle et politique. Les intellectuels arabes du XIXe siècle, vers la fin de l'empire ottoman, opposés à la turquisation et contre l'occidentalisation ont combattu la tentative d'effacer notre personnalité, appelant à une stratégie d'interaction avec d'autres cultures pour vaincre le colonialisme culturel.
La culture est un être vivant qui se nourrit avec les autres cultures, et meurt donc s'il néglige ou combat les autres cultures. C'est l'interaction qui a donné la civilisation, l'interaction islamique liée à une histoire arabe globale. Le royaume Al Moab, fondé sur la dynastie des familles soufies, l'histoire actuelle liée au passé, les sentiments de nos parents battant dans nos cœurs, notre mémoire, tout cela nous apporte le statut de la constitution de nos pays dans le Maghreb. Un monde sans culture spécifique est une charogne et ne peut donc attirer que les charognes ou les chiens.
La culture arabe a besoin de diversité entre des cultures, de complémentarité entre l'homme et la femme pour fonder la mentalité arabe. Les traditions conseillaient aux hommes de porter des vêtements blancs et aux femmes de se voiler. Les Libyens appliquent encore aujourd'hui ces conseils. J'ai fait faire une étude sociologique à mes étudiants sur les relations hommes-femmes. Ils ont interrogé neuf mille femmes, de tout âge et de toute profession. Les réponses étaient souvent partagées sur la préférence du sexe d'un bébé ou sur la place des femmes dans la société, par contre sur l'égalité entre l'homme et la femme les "oui" étaient nettement majoritaires.
Rose HOLLINS, Nouvelle-Zélande, de l'Institut du Droit International, est intervenue sur le statut de la femme et la lutte pour légalité sociale.
La lutte concernant l'émancipation des femmes n'est pas homogène, car il y a une différence entre la lutte et les objectifs finaux, selon que les femmes fassent partie d'une classe sociale ou d'une autre ou selon que la femme fait partie d'une civilisation dominante, la blanche ou celle des Maoris ou autres autochtones. Les objectifs à atteindre ne sont jamais les mêmes selon que vous faites partie de la majorité opprimante ou des minorités opprimées. Je milite pour l'indépendance des minorités opprimées, dont les femmes. Je ne me permets pas de mettre en cause les gens qui se battent au nom de l'Islam contre les complots ourdis par les capitalistes impérialistes.
Chez nous, les Tables-Rondes qui se tiennent et où l'on appelle les femmes à débattre, ce sont toujours les riches qui parlent aux riches et contre les pauvres. Il est nécessaire de faire une union entre toutes les forces quelles que soient leurs identités ou leurs cultures pour les droits de l'homme et les droits sociaux contre le capitalisme.
Les femmes ont besoin de lutter avec d'autres minorités, de combiner leurs forces pour faire échec au capitalisme, la lutte sera plus efficace. Il faut lutter ensemble pour mettre fin à l'oppression de toutes les minorités. De toute façon, le capitalisme est concentré entre quelques mains qui oppriment la majorité des populations, seulement certains sont plus opprimés que d'autres, donc se révoltent plus. La concurrence capitaliste a entraîné une confrontation des pays riches au détriment des pays pauvres. Le problème dont les femmes souffrent le plus en Nouvelle-Zélande, c'est le fléau social. Après la guerre, 20 % de femmes ont commencé petit à petit à travailler dans des emplois à temps plein ; en 1995, il n'y en avait plus que 15 %. Nous sommes les premières victimes du chômage.
Jacqueline BUTRON, Bolivie, du C.E.M.E.C. (Centre de Multiservices sur l'Education et les Cultures) est intervenue sur le rôle de la femme amérindienne en Bolivie.
En Bolivie, sur une population de sept millions d'habitants, la coexistence entre les nombreuses ethnies, entre les différentes cultures est possible. Je ne dis pas que c'est parfait, mais j'ai beaucoup voyagé et je trouve qu'il y a une certaine tolérance dans mon pays alors qu'il y a une énorme variété géographique et culturelle. Tous peuvent s'exprimer. Depuis la création de la république, en 1925, l'Etat fait son possible pour faire cohabiter toutes les ethnies qui le composent. C'est un pays qui ne connaît de toute façon pas encore toutes les identités, les cultures et les ethnies qui font sa richesse.
La Bolivie, du fait de cette tolérance a pu acquérir un semblant de démocratie, une sorte de stabilité qui a permis de réformer l'enseignement aux différentes ethnies, un enseignement global, mais aussi indigène dans la mesure des connaissances. Il y a encore beaucoup à faire pour arriver à un enseignement plus performant et pour permettre aux différentes couches de la société de participer aux gestions municipales et à l'exécutif. Par contre, la femme n'est pas vraiment protégée de l'exploitation. 65 % de femmes ne peuvent avoir accès à l'enseignement à cause de la pauvreté et de l'analphabétisme. Dans un pays où 75 % de la population est autochtone, la femme autochtone vit en milieu rural et ne profite donc d'aucune facilité pour participer aux affaires sociales, d'ailleurs personne ne songe à lui en offrir les moyens. Les femmes, en milieu rural, souffrent énormément du manque d'hygiène et d'assistance sanitaire.
Ginette SKANDRANI, France, écologiste, Femme pour la Paix et Réseau de Solidarité avec le Peuple Palestinien est intervenue sur le rôle de la femme en politique et dans le mouvement social en Europe et particulièrement en France.
Dans le monde du travail, les femmes sont encore très minoritaires dans l'encadrement et dans les fonctions les plus valorisantes. Elles sont nettement moins payées, à niveau de qualification égale. Elles sont beaucoup plus touchées par le chômage et la pauvreté (12 % contre 8 % pour les hommes). Certains hommes politiques veulent carrément les renvoyer à la maison sous prétexte qu'il n'y a plus de travail pour tous. C'est sur elles que repose aussi la plus grande partie du travail domestique et l'éducation des enfants les contraignant souvent à faire des "double journées". Ça tient particulièrement à nos modes de vie, où, sous prétexte de rentabilité, la famille a été éclatée, l'entraide et la solidarité jetées aux oubliettes de l'histoire car non capitalisables.
D'une part, les mentalités ayant beaucoup de mal à évoluer, les longues études sont toujours réservées aux garçons, d'autre part on retrouve toujours dans les livres scolaires certains stéréotypes comme : maman fait la cuisine, papa travaille. Ce qui ne favorise pas la prise de conscience sur l'égalité des sexes. Quant à la publicité, elle reste toujours aussi sexiste en Europe. Ce n'est vraiment pas agréable de voir sur les murs les affiches de femmes nues vantant tel ou tel produit de consommation. En dehors de la sphère privée ou économique, l'inégalité la plus flagrante et qui perdure est bien du domaine de la politique, car les femmes sont très peu représentées dans les assemblées.
Malgré les grandes déclarations fracassantes, surtout en campagne électorale, sur le statut de la femme européenne, il me semble que le droit de la femme est surtout un concept qui sert à cacher la réalité de la politique et à donner des fausses leçons de démocratie aux pays du Sud.
"J'aimerais beaucoup comparer, au-delà des différences culturelles, le nombre de femmes élues ou assumant des postes de responsabilité dans les pays musulmans." On nous soumet, par médias interposés, l'image de la femme musulmane, voilée, dépendante, exclue de toute décision qui doit correspondre à l'image de la femme occidentale, dénudée, inconsciente, charmeuse et dépravée distillée dans les pays arabes. Aucune de ces deux images ne correspond à la réalité. Il existe en France, comme dans tous les pays où la démocratie n'est que parlementaire, un foisonnement d'associations, et là, dans ce qui correspond à la réalité de la société civile, les femmes sont largement présentes et représentées.
Peut-être faudra-t-il instaurer une démocratie plus directe pour inciter les femmes à participer au débat politique ?
TROISIEME TABLE-RONDE : LA PLACE DE LA FEMME DANS LA SOCIETE CONTEMPORAINE
Ornella SANGIOVANI, Italie, journaliste, est intervenue sur les femmes, l'Islam et le mensonge des médias occidentaux.
"Lors de la conférence mondiale de Pékin, les femmes ont exigé des mesures pour améliorer l'image de la femme dans les médias occidentaux." Les médias occidentaux donnent surtout une mauvaise image de la femme musulmane par ignorance de cette religion.
La seule image qu'a l'Occident sur l'Islam c'est : le désert, les chameaux, le harem. L'image de la femme musulmane est donc liée à cette image : elle est soumise, elle est l'esclave de l'homme, elle est un jouet sexuel. Beaucoup de romans ont paru en Occident sur les harems, les femmes voilées et violentées, le fantasme a fait le reste.
Certaines femmes maghrébines en Europe, plus occidentalisées que les Occidentales, et se disant toujours progressistes sont intervenues dans les médias pour dénoncer le hidjab, l'esclavage du voile, ce qui n'a pas arrangé l'image de la femme musulmane. Tout le monde semble oublier aujourd'hui l'énorme progrès qu'il y a eu concernant la condition des femmes en Irak, longtemps avant la guerre. Nos médias montrent la Libye comme un pays traditionnaliste, alors que nous savons qu'il y a l'égalité entre l'homme et la femme. La femme occidentale souffre aussi, comme partout, d'injustices, mais ce sont toujours les drames vécus par les femmes dans le monde musulman qui sont gonflés pour desservir l'Islam.
Pourtant, le Coran est traduit dans toutes les langues, il suffirait d'étudier l'Islam avec plus d'objectivité, pour s'instruire. Les médias insistent sur la polygamie, fabulent sur l'homme et ses quatre femmes et ne comprennent même pas que c'est très exceptionnel et que ce n'est pas une règle car peu d'hommes peuvent entretenir quatre femmes en gardant la vie propre à chaque femme. Et ce n'est pas un fondement religieux.
La circoncision ou l'excision, le prophète n'en a jamais parlé. L'Occident exploite la pratique de l'excision qui a existé avant l'Islam pour dénigrer cette religion.
Marcelle PERREIRA, Guyane, du Mouvement Révolutionnaire, est intervenue sur la place des femmes dans le monde contemporain et les problèmes liés au monde contemporain.
Les problèmes de la femme ne sont pas les mêmes selon qu'on est d'un côté de la planète ou de l'autre. La femme arabe a d'autres problèmes que la femme des U.S.A. ou d'Europe. Il y a le problème de la religion dans certains pays, il faut donc les traiter d'une autre manière. Il y a la liberté de choix de l'individu, dans ou en dehors de la société. "Islam ne veut pas dire liberté de choix de l'individu, mais le choix que fait l'individu par rapport à la société."
En ce qui concerne l'avortement, en Occident, la femme prend sa décision, chez les musulmans, l'enfant est voulu par Dieu, il faut respecter l'enfant. La liberté a différentes facettes, nos idées sont différentes. L'être humain obéit à des lois naturelles, mais il n'est pas tout seul, donc il faut aussi des lois sociales. Selon la troisième théorie universelle, Qadhafi insiste sur le côté naturel, nous sommes des êtres humains créés par Dieu, nous obéissons à des lois divines. Les hommes et les femmes sont tous les deux des êtres humains, il ne doit pas y avoir de différences.
Il y a des phénomènes naturels qui ont été dénaturés à cause de l'intervention des hommes. Nous devons veiller à comprendre nos différences, les étudier puis les dépasser. La mentalité occidentale n'a jamais fait d'effort pour comprendre les autres cultures. Elle a toujours voulu les façonner à son image. Si nous voulons comprendre notre époque nous devons réhabiliter toutes les cultures. Le monde actuel est très pauvre, non seulement au niveau culturel, mais surtout au niveau économique.
Les 3/4 de l'humanité subissent une pauvreté extrême et la domination du F.M.I. ; beaucoup de pays sont soumis à l'embargo décrété par les U.S.A. sur les peuples qui ne leur plaisent pas. Nous devons lutter contre l'impérialisme, car les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Il faut plus de compréhension et plus d'entente entre les peuples opprimés.
Teresa ASSENCIO BRUGIATTELLE, Italie, Présidente de l'Association Internationale des Femmes Juristes est intervenue sur la femme au seuil du troisième millénaire : bilan et perspectives.
Les femmes luttent déjà depuis deux cents ans pour leurs droits. En réalité cette lutte n'a été qu'une façade du patriarcat, qui a réduit la maternité à une simple reproduction, ce qui a fait que même certaines femmes étaient persuadées de la supériorité masculine. Le travail des femmes, dont on nous parle, a toujours été un double travail sans rétribution.
Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle que les femmes ont commencé à sortir de la maison, la parité des femmes passant par le travail à l'extérieur, bien qu'elles doivent aussi assumer celui de l'intérieur. Les femmes ont commencé à se réunir, à créer des associations, à produire des textes, à se mobiliser après la guerre. En 1975, les réformes ont apporté la reconnaissance parentale qui a remplacé la reconnaissance paternelle. Il y a eu beaucoup d'améliorations par rapport à l'éducation des petites filles en Europe.
En même temps la maternité a été reconnue comme une fonction sociale d'où l'obtention du congé parental. Les femmes participent largement à la création des richesses et des savoirs, mais la conquête des droits et de la parité en politique reste encore largement déficitaire. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, du 8 décembre 1948, qui comprend un chapitre contre les discriminations, reste à appliquer au niveau politique.
Heike STRUCK, Allemagne étudiante, est intervenue sur le rôle de la femme en Europe de l'Ouest.
En Europe, les femmes n'ont toujours pas le même statut social que les hommes, car le travail des femmes n'est pas adapté à la spécificité féminine. Nous devons continuer à lutter pour acquérir nos droits. L'Etat a théoriquement ouvert tous les domaines aux femmes, mais la vie économique et sociale s'oppose à ce que les femmes prennent des places de décision.
La société ouest-européenne reste très masculine, d'ailleurs la Déclaration des Droits de l'Homme Française de 1789 à laquelle se réfère toute l'Europe a été écrite par un homme qui n'a même pas pensé à consulter les femmes. Les femmes ont donc été oubliées. Nous devons avoir les mêmes droits, nous sommes la moitié de l'humanité. La femme doit être incluse dans la Déclaration des Droits de l'Homme qui doit donner la liberté à tout le monde. Il y a actuellement en Allemagne une campagne pour la réécriture de la Déclaration.
Les femmes luttent depuis de nombreuses années pour la reconnaissance de leurs droits. Nous avons déjà obtenu quelques acquis, il faut continuer, car rien n'est définitif. Les femmes détiennent le droit de vote depuis 1908 en Allemagne, près d'un demi-siècle avant les Françaises. Nous intervenons aussi pour faire punir plus sévèrement les viols qui sont des crimes intolérables commis contre les femmes. Les différents colloques et tables-rondes, auxquelles nous participons sont toujours des activités importantes pour échanger mutuellement et nous remonter le moral. Les hommes veulent toujours davantage de libertés et la plupart du temps au détriment des femmes. Il serait temps de définir des principes fondamentaux pour élaborer des rapports respectueux des deux sexes, entre l'homme et la femme.
QUATRIEME TABLE-RONDE : QUEL AVENIR POUR LES FEMMES ?
Princesse KAORU NAKAMARU, Japon, Présidente de l'Institut International de Recherche pour la Paix dans le Monde est intervenue sur la paix dans le monde, actuelle et sa renaissance.
"J'ai visité plus de cent cinquante villes du monde entier, j'ai voyagé partout, sur les cinq continents." Les femmes rencontrent les mêmes problèmes partout, même si les cultures, la couleur de peau ou les réalités sont différentes. Pendant la guerre Iran-Irak, des milliers d'enfants ont été tués. Ils pourraient aujourd'hui être des hommes et sont devenus des chairs à canon. Des enfants, au lieu d'aller à l'école, allaient se battre avec dans leurs jolies petites mains, une clef : la clef du paradis, quelle monstruosité et pour quel objectif. C'est révoltant pour des femmes.
Toutes les guerres qui ont eu lieu depuis deux cents ans ont été un complot de certaines forces du gouvernement de l'ombre : les multinationales. Et ceci selon un plan bien déterminé : concentrer les richesses du monde et les médias pour leurs objectifs. La paix mondiale et le nouvel ordre mondial sont des concepts utilisés par Georges Bush en s'appuyant sur les forces monopolistes et multinationales pour écraser l'Irak.
C'est vingt-quatre familles qui détiennent les banques américaines et qui ont constitué des lobbies et sont donc très puissantes. La richesse des U.S.A. s'est créée par les différents impôts qui ont été prélevés pour combattre le communisme, mais en réalité cette richesse accumulée n'a servi qu'à enrichir certains banquiers et à imposer leur ordre au monde. Je suis étonnée de l'hypocrisie de tous les pays qui sont au courant. Seul Qadhafi a osé le dénoncer. Il faut une renaissance de la spiritualité pour sauver l'humanité car les humains se sont déviés de la vie spirituelle. Les Chrétiens sont devenus matérialistes, il faut retrouver l'esprit du début du christianisme. Le XXe siècle sera religieux ou ne sera pas.
Dr Zaynab ZOHRY, Libye, est intervenue sur l'avenir de la femme.
L'exploitation des femmes est universelle, elle prend des formes différentes selon les pays, les cultures, les traditions. Il nous faut aujourd'hui prévoir l'avenir et voir comment nous pouvons lutter pour planifier d'autres relations entre les hommes et les femmes, tout en respectant nos différences et nos spécificités. Nous vivons aujourd'hui dans une société planétaire avec beaucoup de conflits sociaux, politiques, culturels, philosophiques, raciaux, la femme est présente dans chacun de ces conflits. L'égalité entre les hommes et les femmes passe par l'enseignement et surtout par le type d'enseignement que la femme peut réaliser.
"J'ai dû rompre mon mariage, car mon mari ne voulait pas que je fasse de très hautes études et que je sois plus instruite que lui. Une autre dame a voulu faire comme moi, mais elle avait une petite fille de huit ans et leur famille a été détruite. Vous voyez bien que ce n'est pas évident de devoir choisir." Le droit de la femme est une notion relative selon les sociétés.
Le capitalisme donne une certaine égalité entre l'homme et la femme dans l'éducation, car il profite des connaissances acquises pour mieux exploiter les intellectuels. Mais n'importe comment, l'enseignement joue un rôle dans l'épanouissement de la personnalité. Les tentatives de certains scientifiques, pour accaparer toutes les données, doivent être démontées, pour voir comment créer un enseignement adéquat à la vie et apporter à la société de meilleures connaissances.
Les économistes doivent juste donner les moyens pour gérer l'économie, il ne faut surtout pas qu'ils deviennent des maîtres à penser. Il ne faut laisser le pouvoir ni aux scientifiques ni aux économistes. Toutes les pensées doivent être complétées et améliorées aujourd'hui. Chez les communistes, l'homme est l'élément principal et central, chez les capitalistes, l'enseignement se contente de former des cadres pour la société, capables d'élaborer les besoins pour les marchés et non selon la personne humaine. Les deux idéologies ont tort. Il faut revoir tous ces concepts.
Pamella SAFFER, U.S.A., Ligue des Femmes pour la Paix et la Liberté, est intervenue sur les femmes dans le monde : un instrument pour la paix.
"J'ai travaillé dans les affaires sociales et dans le textile, j'ai donc eu l'occasion d'observer les différences sociales. J'ai eu l'occasion de travailler au Nicaragua comme observatrice. J'ai vu dans de nombreux pays du nord au sud de l'Amérique la terre et l'environnement détruits par les sociétés pétrolières et l'exploitation massive des forêts et des champs, plus la violence envers les populations indigènes et la pauvreté."
Pour mettre un terme à toutes ces violences, il faut en rechercher les causes, et faire un inventaire des besoins prioritaires. L'armement n'est déjà pas une priorité, ni un besoin car les gens meurent par milliers à cause des guerres et à cause des budgets investis dans les armes et les armées.
Il y a deux poids, deux mesures, car l'O.N.U. essaie d'imposer ses points de vue par la force, ce n'est pas admissible. Les cinq membres du Conseil de sécurité qui jouissent du droit de veto sont des marchands d'armes et des massacreurs. Ils sont responsables de la mort de nos enfants. En Irak, beaucoup d'enfants sont morts et continuent à mourir, au Rwanda, 80 % des enfants sont cachés et en danger de mort. Les femmes travaillent depuis de nombreuses années pour la paix et la résolution des conflits par la non-violence. Il faut inverser les concepts : la culture de la guerre doit devenir une culture de la paix. Il faut travailler avec les hommes pour les empêcher de mettre en pratique leur culture guerrière.
Margaret JONES, Nouvelle-Zélande, est intervenue sur le statut des femmes : réalité et idéal.
"Je suis née en 1920, j'ai cinq enfants et huit petits-enfants, je suis membre de trente associations allant du sport à la nourriture saine, des droits humanitaires à la santé, je ne peux tout énumérer." Il n'y aura jamais de démocratie nulle part si la femme n'a pas sa place en politique, car la réussite politique est basée sur la participation. Nous devons étudier ensemble tous les problèmes. Avant tout la santé, notre manière de nous habiller, de manger, car les produits chimiques qui sont déversés partout, les textiles qu'on fabrique, tout cela donne le cancer. En tant que femmes, responsables de la santé de nos enfants, nous devons dénoncer tout cela. Les maladies dues à la pollution, à la voiture, aux insecticides, aux pesticides, si nous ne prenons garde il n'y aura plus d'avenir. Imaginez les pays pauvres qui subissent tout cela, nous venons, nous, à peine de prendre conscience du drame créé par l'humanité. J'encourage toutes les femmes à mener ce combat urgent.
Deborah Anne FRANKEL, Canada, étudiante en cybernétique et technologie moderne, est intervenue sur l'implication des femmes dans les technologies modernes.
Le gouvernement canadien est comme un thermostat qui concentre tout le pouvoir. Tantôt il penche à gauche, tantôt il penche à droite, mais c'est toujours lui et lui seul qui diffuse la température et la température reste aux mains des hommes. Il faut que les femmes arrivent à mieux analyser les informations et pour cela il faut déjà avoir accès aux différentes informations à travers Internet. Il y a déjà un effort de fait par rapport à l'informatique, car peu de femmes savaient encore l'année dernière se servir d'un ordinateur et connaissaient toutes les ficelles de la programmation.
Si nous laissons la maîtrise des technologies nouvelles aux hommes, c'est comme si le mouvement des femmes n'avait jamais existé. Il faut combler notre retard et nous emparer de tous les moyens informatiques et surtout nous servir d'Internet pour avoir accès aux nouvelles et pour diffuser des informations. J'encourage toutes les associations de femmes à s'emparer des moyens que la modernité met à notre disposition.
CONCLUSION DE L'EVENEMENT
Toutes les conférencières présentes ont signé un Appel traduit dans toutes les langues représentées, adressé aux Nations Unies et au Conseil de Sécurité des Nations Unies demandant la levée immédiate de cet embargo honteux qui pénalise injustement le peuple libyen et spécifiquement les femmes et les enfants. Cet Appel sera diffusé dans nos pays respectifs pour inciter les femmes à le signer largement.
Notre congrès s'est terminé vers vingt heures, après un débat très animé et très ouvert, car pour arriver à un consensus et à une résolution finale prenant en compte toutes les sensibilités, à la fois sur l'égalité entre les hommes et les femmes, le droit à l'autodétermination des femmes, les droits féminins, le droit à un enseignement non sélectif, le droit des femmes dans le monde islamique ou dans d'autres régions du monde, la réécriture des différentes civilisations, le rejet des stéréotypes, le combat pour la paix, le désarmement et la justice, la réécriture de la Déclaration des droits de l'homme... nous savons qu'il nous reste un long chemin à parcourir.
Nous savons aussi que c'est ensemble, femmes du Sud et du Nord, en prenant en compte toutes nos différences, nos faiblesses et nos forces que nous y arriverons.
Un dîner offert par la Jamahiriya a réuni l'ensemble des conférencières, les étudiantes, les femmes libyennes, les traducteurs et tous ceux et celles qui ont permis que cette table-ronde se passe dans les meilleures conditions.
Le lendemain, lundi, avant notre embarquement, nous avons visité Tripoli, le centre, les souks et la Médina. Nous avons visité les fouilles romaines, phéniciennes ou puniques de Shébrata, au bord d'une méditerranée si bleue à en faire rêver, nous avons discuté et plaisanté avec de nombreux Libyenns ou Libyennes, qui contrairement à tous les stéréotypes d'ici sont très ouverts et très accueillants.
Décembre 1996
Ginette SKANDRANI